Jeu de rêves

Publié le par Robin Maillard

Bonjour à toutes et à tous !

 

Aujourd'hui une nouvelle un peu à part... Je n'en dirai pas plus à part qu'il y a une référence à un certain jeu vidéo...

 

Bonne lecture !

 

RM

 

Jeu de Rêves

 

    Cela commence toujours de la même façon.

   Je suis caché à l’entrée d’une grotte. Dehors, le ciel est clairsemé de nuages cotonneux, paissant paresseusement dans un pré bleu tels des moutons célestes. Le vent est doux, l’herbe ploie légèrement sous les calmes assauts de l’air.

    Le guerrier à mes côtés attend mes ordres. Et moi, j’attends un signe venant du ciel. Un cri. Un battement d’ailes. Une ombre.

    Et comme à chaque fois, vient d’abord le cri, rauque, guttural. Il fend l’air comme une hache fend le bois. Il recouvre tout autre bruit que la nature émet, régnant en maître dans mes oreilles et sur toute la plaine.

    Puis les battements d’ailes, lourds, puissants et pourtant gracieux.

    Et enfin l’ombre, immense, pesante, impressionnante.

    Le voilà, impérial et majestueux, superbe et effrayant : le dragon rouge. Il survole les petits êtres que nous sommes, se moquant de nous, riant de nos faiblesses. Et de penser à ceci, cela m’enrage !

    Car je suis là pour le chasser ! Je me munis de mon arc, prends une flèche, place la partie sous la pointe délicatement contre la hampe et l’embout sur la corde. L’arc se lève. Les plumes de la flèche titillent ma joue et mon oreille droites. Je prends une grande inspiration, profite de ce moment de calme avant le début de la tempête reptilienne.

    Je vise.

    La flèche décolle. Et fait mouche ! Ou plutôt fait dragon !

   Le dragon rouge pousse un cri de surprise. Son énorme tête reptilienne se tourne brusquement. Ses yeux perçants nous voient. Alors, avec célérité, je range mon arc et me saisis de mon marteau de guerre, que j’appelle affectueusement Caresse-crâne.

    — Allons-y ! dis-je au guerrier qui m’accompagne. Celui-ci acquiesce et dégaine sa claymore.

    Je cours. Je cours. Au-dessus de moi, le reptile volant tournoie tel un rapace géant.

    Et là, je tombe.

    Je m’écrase, je m’affale, je m’étends de tout mon long sur l’herbe et la terre froide. Comme je regardais le ciel, je n’ai pas vu cette pierre sortie de nulle part. Mais je m’en moque. Ce qui me préoccupe, c’est lui ! Le seigneur des cieux, le tyran de l’air ! Je me relève et je préviens le guerrier, certain que notre ennemi allait attaquer :

    — Il va fondre sur nous !

    Et c’est là que je vois que je suis seul. Cet idiot de guerrier est bloqué par un rocher. Il pourrait facilement le contourner, mais non ! Il a décidé d’essayer de le grimper, et sans s’aider de ses mains en plus ! Et pour une raison inconnue de tous – peut-être même de lui –, il continue de courir sur place !

    — Mais fais le tour, espèce de crétin ! lui hurlé-je !

    Et comme d’habitude aucune réponse. Il s’acharne à vouloir traverser le rocher ! C’est comme s’il patinait sur place, bloqué par cette grande pierre, et qu’il ne comprenait pas qu’il n’avait pas le don de passe-muraille !

    Mais je n’ai pas le temps d’aller le chercher et de lui en mettre une. Le dragon rouge est proche. Trop proche. J’ai à peine le temps de courir, de quitter cet endroit, d’éviter de me faire écraser par la masse rouge et écailleuse qui atterrit lourdement.

    Le reptile volant tourne alors sa tête et me crie dessus.

    — Tu schlingues de la calebasse ! lui crié-je à mon tour.

    Je fais tournoyer Caresse-crâne avant de l’aplatir sur la gueule draconique. Le reptile accuse le coup. En retour, il m’envoie un coup de griffe qui ripe sur mon armure, mais me projette toutefois à quelques mètres de là. Et dans ce saut indépendant de ma volonté, je lâche par inadvertance Caresse-crâne, sans oublier de jurer.

    En atterrissant, j’appelle le guerrier. Je parviens à le voir. Il s’est enfin dégagé de son rocher et de son imbécilité. Il court, sa claymore prête à s’abattre sur le dragon. Je me relève. Je retrouve Caresse-crâne et le saisis.

    Mais, soudain, le sol tremble. Et comme si le dragon ne suffisait pas, voilà qu’un géant arrive !

    — C’est pas vrai ! maugréé-je.

   L’humanoïde haut de sept mètres court avec lenteur sur moi, brandissant un grand sapin arraché à la terre. J’ai heureusement le temps de fuir en direction du dragon rouge. Si je pouvais attirer le géant vers lui et que les deux s’empoignent, ce serait le pied !

    Le géant, lent comme une tortue, abat son sapin arraché en ma direction. Enfin, dans la direction où je me trouvais dix secondes plus tôt, c'est-à-dire à une vingtaine de mètres de là.

    Je me dis que ce ne doit pas être simple d’être géant. On est peut-être grand comme une tour de guet et fort comme trois cent hommes, mais on court aussi vite qu’un unijambiste et notre cerveau réagit en décalé, comme après une soirée trop avinée.

    Je le laisse frapper l’herbe. Et vu le sourire qu’il arbore, il est certainement persuadé que je suis toujours devant lui… On dirait un ivrogne en pleine séance de delirium tremens

   Je me détourne du géant crétin et continue de me diriger vers le dragon, certain que le guerrier se bat contre lui.

    Le guerrier…

    — Mais qu’est-ce que tu fais, débile ?! lui crié-je.

    Cet imbécile reste hors de portée du dragon, à une vingtaine de mètres, et a décidé de se battre contre un rat.

    — Ah mais bien sûr ! hurlé-je de colère. C’est tellement plus dangereux un rat qu’un dragon ! Tu m’diras, ça risque de bouffer le fromage qui te sert de cervelle !

    Je suis à deux doigts de lui jeter de la caillasse pour le faire réagir, mais le dragon se retourne vers moi.

    Chose étrange, il a troqué son habit rouge pour des écailles noires.

    — Avant tu étais en rouge et maintenant tu es en noir ? lui dis-je, surpris.

    — En rouge et noir ! J’exilerai ma peur ! J’irai plus haut que ces montagnes de douleur ! me chante-t-il.

    Là, mes yeux s’écarquillent et je ne sais que dire ni que faire face à un dragon qui chante Jeanne Mas. Je vous rappelle qu’il est censé être le tyran de l’air, un titre qui, somme toute, reste assez clinquant. Et là, il vient délibérément de fusiller ce titre et son charisme en me chantant du Jeanne Mas. Mais lui aussi ne bouge plus, comme si mon silence le surprenait autant que je restais coi de sa passion pour une chanteuse des années 80. Ou bien peut-être se rendait-il simplement compte de son cruel manque de goût en terme musical ? Au bout de quelques secondes, je trouve la lucidité de dire :

    — Ca n’explique pas ton changement de couleur !

    — Le monde change. Toute le monde change, me répond-il.

    Mais plus le temps de causer. J’évite sa gueule hérissée de dents longues et acérées, rangées telles des piques avant une bataille. Toutefois, je remarque qu’il lui en manque quelques-unes. Ce qui fait que son charisme, déjà bien entamé par ses performances vocales, en prend un méchant coup.

    — T’as les chicots agencés comme la barbe de ma grand-mère ! crié-je en lui enlevant une dent de plus d’un coup de Caresse-crâne bien ajusté.

    Un tremblement derrière moi me fait me retourner. Le géant est plus proche. Trop, d’ailleurs. Une ombre en forme de sapin au-dessus de ma pomme grandit.

    — Aïe ! Ca sent le sapin ! lâché-je inconsciemment, avant de me décaler sur ma droite.

    Le conifère arraché s’abat, non pas sur moi, heureusement, mais sur le dragon, plus tôt rouge et maintenant noir. Celui-ci grogne, s’énerve, s’agite. Il dirige sa haine et l’énergie de sa douleur contre le géant – tout en continuant à chanter, entre deux coups de gueule, En rouge et noir.

    Alors je m’éloigne, cherchant la place adéquate où je pourrais me délecter du combat, pariant sur le dragon vu la lenteur de l’autre. Et le guerrier ? Pour ce qu’il me sert, qu’il crève contre le rat !

    Je trouve la place idéale. Un promontoire pas trop haut et pas trop éloigné. Je m’assieds. J’envoie un coup de Caresse-crâne à un bouquetin qui passait par là, prends un couteau, découpe un morceau de viande que je réchauffe par magie. Ah ! Et aussi – important ! –, je prends une fiole d’hydromel dans mon fourbi, mon espèce de besace détrempée remplie d’objets divers. Et je déguste les deux, la bouffe et la bibine, ce qui rend le spectacle encore plus agréable.

    Mais, comme par hasard, alors que le dragon crache des flammes sur le géant et son sapin, lequel prend feu par la même occasion, surgit de nulle part un spectre, a priori hostile. Et je hurle d’agacement en jetant ma barbaque et ma binouze. Je déteste gaspiller !

    Pourquoi est-il là, lui ? Le cimetière le plus proche se trouve à cinq kilomètres d’ici ! C’eut été le fantôme du bouquetin, passe encore ! Mais là ! Un spectre d’homme en plein jour ! Entre lui, le dragon et le géant, ça commence à faire beaucoup ! Heureusement que le guerrier m’accompagne ! Le guerrier…

    Mais qu’est-ce qu’il fabrique ??? Mais pourquoi il bouge plus, c’t’imbécile ! Il prend la pose ou quoi ?! Il est là, les jambes fléchies, la claymore au-dessus de la tête et il attend face au vide... Non… Face à un lapin ?!

    — Mais qu’est-ce que tu fais, crétin ?! crié-je en m’armant de Caresse-crâne pour faire face au spectre. C’est pas le moment de jouer les mimes ! Bouge-toi les miches, idiot !

    Et comme toujours, aucune réponse… ni aucune réaction, d’ailleurs…

    Le spectre émet un grognement, me rappelant sa présence.

    Dans ma tête, c’est le souk. Caresse-crâne ne pourra pas lui faire de mal si je n’envoie pas quelque sort avant de frapper. Je fouille dans ma mémoire. Je dois bien avoir une formule qui traîne et qui me débarrasserait du fantôme !

    Le spectre, habillé d’une robe ectoplasmique flottante, me dévisage d’un regard haineux. Il ouvre sa bouche noire comme la nuit, entourée d’une barbe miteuse et intangible, et lève sa main droite osseuse, tel un avertissement macabre.

    La formule ne vient toujours pas… Et aucun moyen de le renvoyer ! Pas d’artefact magique contre les morts-vivants ! Pas de prière ! Rien !

    La main droite tombe en ma direction. Par réflexe, j’oppose le manche de Caresse-crâne, espérant que ça l’arrêtera. Mais en voyant la main fantomatique traverser mon arme, je me rappelle qu’il s’agit d’un spectre et que lui, contrairement à mon crétin de guerrier là-bas, a le don de passe-muraille…

    Sa main touche alors ma poitrine, au niveau de mon cœur. Je ressens la froideur de la mort, le toucher glacial d’une âme sans corps, sans vie. Je tremble, certain que mes derniers instants arrivent. Je plonge mon regard dans les orbites vides et hypnotiques du spectre. Celui-ci, la bouche toujours ouverte, semble chercher l’énergie suffisante pour me jeter un terrible sort, une horrible malédiction.

    Son regard vide et en même temps plein de haine contre les vivants me fixe et me paralyse. Sa bouche forme un horrible rictus quand la mienne s’ouvre de peur. Et là, il dit d’une voix caverneuse et ténébreuse comme les limbes :

    — C’est toi le chat !

    Je reste décontenancé quelque secondes, me demandant s’il ne se moquait pas un peu de ma mouille, là… Puis, dans un sourire étrange et enfantin, le fantôme s’enfuit dans la plaine, persuadé que j’allais le poursuivre pour jouer à son jeu puéril. Et non content de rire comme un abruti, il rajoute, toujours de cette voix caverneuse mais sur un ton bien enfantin :

    — C’est toi le chat ! Tralalalalèreuh !

    Je secoue la tête et l’abandonne à son délire. Puis je me retourne pour voir où en était le combat entre le dragon et le géant. Le reptile volant gît, a priori mort, la gueule grande ouverte et… complètement édentée ? Le géant a dû abattre son sapin en flamme pour lui faire déloger les derniers crocs qui lui restaient. Y’a pas à dire, on a beau être impressionnant et majestueux comme l’était le dragon, sans chicot, on est vite ridicule…

    Où est le géant ? Je regarde à gauche, à droite. Rien. Je remarque au passage que mon inutile et imbécile guerrier est en train de danser autour de sa claymore ! Et devant cinq lapins qui hurlent sans raison ! Des crétins aussi, assurément !

    Je me suis bien fait avoir avec ce larron, moi ! Alors je lui hurle :

    — Cinq cents pièces d’or et voilà le résultat ! Ca se bloque contre un rocher, ça attaque un rat plutôt qu’un dragon, ça joue au mime puis danse la gigue ! Non, sans rire, autant demander à ma grand-mère de m’accompagner à la chasse au reptile géant ! Elle m’aurait au moins préparé à bouffer. Elle m’aurait servi à quelque chose ! Elle ! Espèce de nuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuul !!!

    Un tremblement derrière moi me fait cesser mes palabres inutiles et mes invectives.

    — Oh non… lâché-je.

    Comment a-t-il réussi à se faufiler ainsi, dans mon dos, à mon insu ? C’est un géant ! Pas un assassin expérimenté ! Un géant c’est lent, ça marche comme un pachyderme, c’est stupide et ce n’est donc pas furtif !

    Et pourtant il est bien là !

    Je le regarde, sa face noircie de suie, son sapin crépitant de braises et de flammes. Son sourire béat digne du plus grand pilier de taverne de l’Empire s’étire autant que l’ombre noire au-dessus de mon être. Là, je me dis que c’est un peu ric-rac pour éviter l’arbre à moitié calciné… Cette fois, ça sent vraiment le sapin. Et brûlant en plus !

    Et comme toujours, juste avant de le ramasser en pleine poire, je parviens à lâcher un timide :

    — Et merde…

 

***

 

    — Et c’est toujours à ce moment là que je me réveille… Vous en pensez quoi ? C’est grave, docteur ?

    — Je ne pense pas. Vous êtes un peu surmené, voilà tout. Il faut vous reposer.

    — D’accord… Dites… Je n’avais pas remarqué que votre bureau était dans une salle en pierre, avec cette grande vitre… pleine de vitraux de… squelettes… Et cette grande cheminée au fond, là-bas, avec les flammes et tout ça ! Non, ça, euh… C’est un peu glauque, mais bon… Ca en jette !… D’ailleurs, c’est marrant, hé hé ! Ca sent le sapin !... Et quant à ces têtes de loups, d’ours, de cerfs et de... de lapins ?... sur les murs, peu éclairés d’ailleurs… c’est, euh… C’est comment dire ?... Assez original. Surtout qu’ils tirent tous la langue… On peut dire que c’est décoré avec goût…

    — Merci. Mais revenons au pourquoi de votre présence ici, Monsieur. Vous le faites toutes les nuits, ce rêve ?

    — Non ! Heureusement que non ! Sinon, que je crève de rêver cela sans trêve ! Toutefois je le fais aussi souvent que des cheminots en grève.

    — Vos nuits sont donc brèves ?

    — Il est vrai que la nuit, souvent, je me relève.

    — Pendant mes études d’onirologie, je n’étais pas mauvais élève. Et on nous apprend que tout le monde fait ce genre de rêve.

    — Cela me rassure alors… Je le dirai à ma femme, Eve. Et sachez qu’à vos paroles, mon sang s’écoule aussi sereinement que dans un chêne la sève. Dites, Docteur…

    — Oui ?

    — C’est moi, ou… cinq minutes plus tôt, vous ne portiez pas cette robe rouge et noire et vous n’aviez pas ces grandes dents pointues ?

    — Voyons, cher ami, le monde change. Tout le monde change. Et vous savez ce qu’on dit : En rouge et noir, j’exilerai ma peur. J’irai…

    … plus haut que ces montagnes de douleurs. Je sais, j’ai entendu cela récemment. Mais… euh… Comment dire ?... Vous voyez, autant avant, vous m’aviez rassuré, autant là, vous m’inquiétez un peu.

    — Ne vous alarmez pas, Monsieur. Il n’y a rien à craindre.

    — Tout de même… Votre sourire carnassier est… dérangeant…

    — Mais non ! Ne vous alarmez pas, vous dis-je ! Et si vous voulez savoir, on dit souvent de moi que j’ai la dent longue et pourtant ça ne choque personne. Cela n’a donc rien de grave en soi !

    — Pourquoi vous levez-vous ?... Non. Non ! Ne vous levez pas ! Non ! Ne m’approchez pas ! Vous n’êtes pas le Docteur !

    » Où suis-je ?! Non ! Laissez-moi ! Ne me touchez pas ! Vous êtes un vampire ! Si, vous êtes un vampire ! Il n’y a que les vampires pour ouvrir une gueule pareille avec des dents aussi longues que des piques ! D’ailleurs il vous en manque quelques unes, vous devriez aller voir un dentiste.

    » Ne me touchez pas ! Ne me… touchez pas… ?

    » Mais… Pourquoi vous ne bougez plus ? Pourquoi vous laissez votre main, là, sur moi ? Docteur ? Docteur ! Mais dites quelque chose à la fin !

    — C’est toi le chat !

 

***

 

    — AAAAAH !!!

    Je suis dans mon lit…

    — Faut que j’arrête les jeux de rôle, moi… marmonné-je.

    Mon réveil indique 3h du matin… Ma chérie est là, à mes côtés…

    — Qu’est-ce qu’il y a ? me demande-t-elle, les yeux embués de fatigue et de sommeil. Et je lui réponds :

    — Rien, rien… Juste un mauvais rêve… rendors-toi, ma douce. Je l’embrasse puis la regarde. Fatiguée comme elle est, elle ne met que quelques secondes seulement à retomber dans les bras de Morphée.

    C’est étrange, dans mon rêve, elle s’appelait Eve… alors que dans la réalité, non. Ah ! les rêves. Chez moi, c’est souvent un voyage dans le grand n’importe quoi.

    Du coup, je suis trop excité pour me rendormir. Et puis, j’ai En rouge et noir qui me trotte dans la tête. Ce qui est compréhensible vu mes rêves, mais ce qui est illogique puisque je ne suis pas fan de la musique des années 80.

    Je me lève, vais faire un tour dans le salon. Souvent, rien que de mettre la téloche, ça me détend assez pour que je puisse me rendormir. Confortablement en boule sur le canapé du salon, le chat miaule en me voyant arriver…

    — C’est toi le chat ! lui dis-je en le caressant, un sourire en coin.

    Je m’assieds à côté de lui et mets en route le poste. A cette heure, ils font quand même de la réclame pour un jeu vidéo : ‘Les lapins débiles’. La publicité montre des rongeurs aux grandes oreilles en 3D faisant n’importe quoi avec des voitures, des avions, des aspirateurs, des glaives, tout en hurlant de façon… euh… de façon débile !

    Je repense machinalement à mon rêve. Et mes yeux se portent inconsciemment sur l’ordinateur éteint. Mes lèvres soufflent alors :

    — Faut vraiment que j’arrête les jeux vidéo…

    — Je ne pense pas… me dit une voix près de moi.

    Ma tête se tourne lentement. Le chat me regarde, les yeux à demi-fermé, la queue remuante. Il ouvre sa gueule de félin de laquelle s’élèvent ces mots :

    — Vous êtes un peu surmené, voilà tout. Il faut vous reposer.

    Pendant quelques secondes, plus un mouvement. Rien que moi, la télé qui déblatère ses débilités nocturnes et le chat qui continue de me regarder les yeux mi-clos, toujours en remuant paresseusement la queue. Alors, au bout d’un moment, je me décide à dire quelque chose. Et la seule chose qui me vient à l’esprit, c’est, je pense, ce que n’importe qui de sensé dirait dans ce genre de situation :

    — AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHH !!!

    Alors je me réveille.

    Vous pensez que c’est grave, Docteur ?

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I
Super ! J'ai adoré et un air en rouge et noir me trotte dans la tête<br /> bise, Isabelle
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